Suisse: pour ou contre une limitation de l’immigration?
Le 27 septembre prochain, les Suisses sont invités à se prononcer sur une initiative visant à limiter l’immigration. Selon l’Institut de Sondage gsf.bern, 63% d’entre eux voteraient contre cette proposition présentée par l’Union des Démocrates du Centre (UDC).
L’UDC, parti situé à droite de l’échiquier politique, souhaite freiner l’immigration vers la Suisse, qu’il qualifie de massive. Ce projet remet en cause l’accord de libre circulation passé avec l’Union Européenne en 2000.
« Trop c’est trop »
Pour l’UDC, « trop c’est trop ». Le parti, présidé par Marco Chiesa, estime que depuis la ratification de l’accord bilatéral sur la libre circulation des citoyens, « un million de personnes dont les deux tiers sont originaires de l’Union Européenne ont immigré en Suisse » ces 13 dernières années. Dans un communiqué de presse, l’UDC souligne que «notre pays se brise sous la pression d’une immigration démesurée ». Selon l’UDC, l’immigration pourrait faire augmenter le chômage et donc peser sur la prospérité des citoyens helvétiques, une inquiétude qui est particulièrement forte en pleine crise du coronavirus.
Pas dans l’intérêt de la Suisse
Remettre en cause les relations bilatérales avec l’Union Européenne ne serait pas « dans l’intérêt de notre pays », estime de son côté la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, cheffe du département de justice et de police et membre du parti libéral radical suisse (PLR). « Pour garder la prospérité et pour les postes de travail, il faut un accès direct au marché intérieur européen », a-t-elle déclaré fin août lors d’une interview accordée à la Radio et Télévision Suisse (RTS).
Clause guillotine
L’enjeu est de taille car si la proposition de l’UDC obtenait le soutien des électeurs, les six autres accords bilatéraux signés le 21 juin 1999 entre la Suisse et l’Union Européenne deviendraient caducs. Approuvés en bloc en mai 2000 par 67,2% des suffrages, les sept accords bilatéraux sont juridiquement liés. Une clause dite « guillotine » prévoit que si l’un des accords est remis en question, les six autres accords cesseront alors d’exister. C’est ce qui suscite l’inquiétude des représentants syndicaux et du patronat, qui ont manifesté en juin dernier leur soutien à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. Le président de l’Union Patronale Suisse, Valentin Vogt, a qualifié les accords bilatéraux d’« histoire couronnée de succès ». Il constate, depuis la ratification des accords avec l’Union Européenne, une « augmentation des salaires de 0,7% » mais aussi « plus d’emplois ».
63% de non dans les sondages
Selon le dernier sondage organisé par l’Institut gsf.bern, l’initiative pour limiter l’immigration présentée par l’UDC n’est pas prête de passer. « Le 6 septembre 2020, un pourcentage stable de 63 pour cent des électeurs désireux de participer auraient voté « fermement » ou « plutôt » contre l’initiative de limitation » de l’immigration présentée par l’UDC, peut-on lire dans le rapport de l’Institut de sondage, confirmant les résultats du premier sondage organisé par le même institut en août dernier.
De quoi rassurer le Conseil Fédéral, l’exécutif helvétique, qui recommande, avec le Parlement, de rejeter cette initiative populaire. Sur son site web, il remarque que « les accords bilatéraux garantissent des relations équilibrées avec notre principal partenaire commercial » et souligne que sans ces accords, « la prospérité et les emplois suisses seraient mis en danger ».
Autres projets de loi
Le 27 septembre prochain, les Suisses devront voter sur quatre autres projets de loi. Au programme du prochain scrutin: l’acquisition de nouveaux avions de combat, le congé paternité, la loi sur la chasse et une déduction fiscale des frais de garde des enfants. Cette votation remplace celle annulée en mai dernier à cause de la crise du coronavirus.
Publication 17 septembre 2020