Musée national suisse: symbole d’un état fédéral
Tout savoir sur l’histoire de la Suisse ! Voici ce que propose le Landesmuseum, le Musée national, à Zurich. Sa création et son architecture traduisent un seul et même souhait : créer un symbole fort pour représenter un état fédéral naissant. Décryptage.
En arrivant à Zurich, impossible de rater le « Landesmuseum », le Musée national de la Suisse. Le bâtiment, situé en face de la gare centrale, qui ressemble fortement à un château médiéval n’en est pourtant pas un. Ce complexe, mélangeant architecture moderne et ancienne, abrite en fait une prestigieuse institution : le siège du Musée national Suisse (qui regroupe le Musée national Zurich, le Château de Prangins, le Forum de l’histoire suisse Schwytz, ainsi que le Centre des collections à Affoltern am Albis).
Il est non seulement le musée historique le plus visité du pays mais il est aussi l’un des plus importants dans la création d’une identité nationale. Rappelons qu’en 1848, la Suisse vient de se constituer en Etat fédéral et il est alors essentiel qu’elle crée des symboles forts qui puissent la représenter.
Le bâtiment de Gustav Gull
C’est d’ailleurs ce qu’a voulu exprimer Gustav Gull, l’architecte à qui la Confédération a confié la tâche d’une telle entreprise, menée à bien entre 1892 et 1898. Considéré comme l’un des promoteurs du « Heimatstil » (style de la patrie), Gustav Gull a choisi pour son bâtiment l’historicisme, un style architectural mélangeant différentes époques. Dans le cas du Musée national, il donna la priorité à la Renaissance et au gothique. « L’architecte a voulu souligner l’importance de la nation et c’est pour cela que l’on a décidé de représenter le gothique dans le musée », explique Dr. Luca Tori, conservateur en chef adjoint du Landesmuseum.
Selon le conservateur, le gothique était « le style commun à toute la Suisse », l’idée étant « de souligner les origines communes de la nation ». « Les aménagements des pièces historiques et les éléments architecturaux intégrés dans les salles du Musée ont constitué le point de départ du projet élaboré par Gull », poursuit-il. Résultat : une « correspondance entre l’intérieur et l’extérieur du musée ». L’architecte avait quasiment « construit les salles d’exposition autour des pièces exposées créant ainsi une atmosphère d’une densité historique, ce qui rendait le passé plus accessible et l’histoire plus directement palpable», explique Luca Tori. Le résultat était assez stupéfiant : une des salles d’exposition aura par exemple l’aspect d’une chapelle gothique, une autre ressemblera à un cloître et la salle du trésor aura des allures de crypte gothique, pour ne citer que quelques exemples.
Pourquoi Zurich ?
Mais si la volonté de créer une identité nationale était si forte, on peut se demander pourquoi avoir choisi Zurich pour le siège du Musée national alors que la capitale du nouvel Etat se situait à Berne ? Selon la page web du musée, cette décision ne fut pas simple à prendre. Elle provoqua de « vifs débats » entre Lucerne, Zurich, Berne et Bâle. Bien avant l’idée de créer un musée national suisse, « elle s’était heurtée à la résistance des cantons qui gardaient farouchement leurs propres collections historiques et ne voulaient rien céder de leurs prérogatives en matière d’histoire », note l’historien Fabian Müller dans un article publié sur le blog du Landesmuseum.
D’après Luca Tori, deux raisons vont être déterminantes pour installer l’institution à Zurich. Tout d’abord parce que « la ville et les cantons étaient disposés à prendre en charge le financement du bâtiment » mais aussi parce que la « Société d’Antiquités de Zurich » était prête à offrir son énorme collection d’objets. Mais à une condition : que le siège du musée s’installe à Zurich.
Et aujourd’hui ?
Actuellement, grâce aux 7000 objets de sa collection, le Musée national Suisse offre six expositions permanentes, dont une retrace l’histoire de la Suisse de ses origines jusqu’à nos jours. Tous les ans, le Musée propose aussi huit expositions temporaires portant sur différentes thématiques.
Comme le souligne Luca Tori, beaucoup d’efforts ont été faits pour « donner une nouvelle image au Musée national ». Tout d’abord, grâce à un projet d’agrandissement confié dans les années 2000 aux architectes Christ et Gantenbein. Le résultat de ce travail se traduit par la création d’une aile moderne, inaugurée en 2016. Cette partie s’intègre dans l’ancien bâtiment non seulement par son agencement mais aussi par les matériaux sélectionnés. Pour Luca Tori, le nouveau bâtiment est « une citation permanente de l’ancien ». Il explique que choix du béton fait, par exemple, référence au matériel utilisé par Gustav Gull dans l’ancien édifice.
Au-delà du nouveau bâtiment, le Musée a également développé de « nouveaux concepts » pour « être plus proche de la population », notamment des jeunes et des familles, précise le conservateur. « Nous avons procédé à un renouvellement de tous les aspects du musée », ajoute-t-il. Parmi ces changements : un personnel jeune, un changement du programme des visites, une cafétéria moderne sans compter l’ouverture d’un auditorium et d’une importante bibliothèque comprenant plus de 85 000 ouvrages.
Un pari réussi puisqu’en 2019, le Musée national a accueilli un peu plus de 372 000 visiteurs.
Publié le 2 octobre 2020
Source de la photo principale: Service de presse du Musée national à Zurich
Pour plus d’informations: https://www.landesmuseum.ch/fr