Economie

Bankia, sur la voie de la guérison – 14.05.2014

Bankia, la plus grande banque nationalisée espagnole montre des signes de rémission. L’établissement renoue avec les bénéfices.

Faites vos jeux, rien ne va plus pour Bankia. Celle qui, en 2012, avait failli entraîner dans sa chute tout le système financier espagnol a repris du poil de la bête. Nationalisée en 2012 puis sauvée grâce à une injection de 20 milliards d’euros, la quatrième banque espagnole a entamé son processus de privatisation en février dernier.

L’Etat, qui en contrôle 68,4 % via le fonds de restructuration bancaire (Frob), a vendu 7,5 % de son capital pour 1,3 milliard d’euros et réduit sa part à 61%. L’opération a suscité un vif intérêt auprès des investisseurs, avec « une demande qui a  dépassé l’offre, notamment de la part d’investisseurs internationaux », souligne Paula Papp, chargée du secteur bancaire et des assurances dans le cabinet de conseil Analistas Financieros Internacionales.

« C’est le titre qui a été le plus négocié en 2013, bien avant Santander », remarque Santiago Simon, professeur d’économie à l’Esade Business School de Barcelone. Pour Jorge Soley, économiste à l’IESE Business School, ce succès est dû au travail de la nouvelle équipe de gestion qui a appliqué au pied de la lettre les plans de restructuration exigés.

Remède de cheval

La banque a été soumise à un remède de cheval, imposé en 2012 par l’Union européenne en échange de son aide. Au programme : privatisation de l’établissement avant 2017, restructuration et ventes d’actifs improductifs. Résultat : en moins de deux ans, la banque a supprimé 5.400 postes sur les 6.000 programmés d’ici à 2015, fermé 1.743 agences sur les 5.400 prévues.

En 2013, l’établissement a renoué avec les bénéfices : 156 millions d’euros au dernier trimestre 2013 et 186 millions d’euros au premier trimestre 2014. Un an auparavant, elle affichait pourtant 19 milliards d’euros de pertes. « En deux ans, la banque a réduit ses coûtsde structure de 17 % », commente Santiago Simon.

Cessions en masse

Les opérations de cession se sont aussi multipliées. En avril 2014, Bankia a réalisé une plus-value de 266 millions d’euros en vendant 4,94 % de sa participation dans Iberdrola pour 1,5 milliard d’euros.

En début d’année, elle a empoché 63,7 millions d’euros avec la vente de 12,60 % de la chaîne hôtelière NH Hoteles au prix de 191,8 millions d’euros. Autre opération de taille : en septembre 2013, l’établissement a gagné 165 millions d’euros en cédant 12 % de la compagnie d’assurance Mapfre pour 979 millions d’euros.

La banque a, en parallèle, assaini son bilan : tout d’abord en transférant 22,1 milliards d’euros d’actifs immobiliers toxiques à la Sareb, puis en réalisant des provisions s’élevant à 25,8 milliards d’euros. Une grande inconnue demeure : le remboursement de l’aide accordée à l’ancienne caisse d’épargne pour se remettre à flot. Selon Paula Papp, si les actions de Bankia continuent de se vendre au même prix et au même rythme, on peut espérer une récupération de tout ce qui a été investi dans l’établissement ; par contre, si on inclut ce qui a été injecté dans la matrice BFA, elle pense qu’il y aura des pertes car les actifs de BFA sont moins attrayants pour les investisseurs.

Santiago Simon est plus optimiste. Il estime qu’à partir du moment où l’Espagne cessera d’être un pays qui effraie les investisseurs, et si Bankia continue à bien faire ses devoirs, son titre pourrait connaître de fortes appréciations. C’est d’ailleurs sur l’appréciation du titre que tablerait son président, Goirigolzarri, pour rembourser l’aide publique.Selon Santiago Simon, José Ignacio  Goirigolzarri choisira le moment le plus propice pour annoncer la prochaine vente de participations. Si tel est le cas, Credit Suisse pourrait bien avoir raison en prédisant que Bankia sera en 2014-2015 l’établissement le plus rentable d’Espagne.

Un regain de confiance

Un an après le fiasco qui avait failli faire basculer l’ensemble du système financier espagnol, l’établissement dirigé par José Ignacio Goirigolzarri continue son ascension en doublant les bénéfices : 187 millions d’euros au premier trimestre 2014, contre 72 millions d’euros à la même période en 2013.

On est loin des lourdes pertes annoncées en 2012 qui avaient obligé le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy à intervenir pour recapitaliser Bankia. « Ces résultats confirment que l’établissement est sur le bon chemin », a souligné José Ignacio Goirigolzarri pendant la présentation des résultats. Ce sursaut, obtenu à coups d’aides publiques, rassure. Les titres de la banque sont de nouveau convoitées par les marchés, et les particuliers reviennent au guichet. Les dépôts de clientèle ont ainsi augmenté ce trimestre de 718 millions d’euros. Cependant, le taux de créances douteuses continue de grimper de 13,1 % à 14,3 % en un an.