Le soleil se remet à briller en Espagne
Après une grave crise du secteur, l’Espagne renoue avec l’énergie solaire. En 2019, elle atteint des niveaux record de puissance installée, dépassant les taux atteints dans les années 2000.
C’est désormais reparti. L’Espagne remet au goût du jour l’énergie solaire photovoltaïque. Selon le quotidien La Vanguardia, l’Espagne a installé en 2019 «4752 mégawatts (MW) d’énergie solaire photovoltaïque », soit un niveau record. Ce chiffre représente le double de la puissance installée en Espagne en 2008, point culminant dans l’installation de panneaux photovoltaïques, estime le quotidien. Selon le rapport annuel de l’Union Espagnole de l’Energie Photovoltaïque (UNEF) présenté cet été, l’Espagne peut se féliciter d’être devenue en 2019 « le leader du secteur photovoltaïque en Europe ». Au niveau mondial, la péninsule occuperait la sixième place.
Choc brutal de 2010
Ce revirement est un tournant décisif. Il ne faut pas oublier le choc brutal encaissé par un secteur très dynamique dans les années 2000. Sous la contrainte des mesures d’austérité, le gouvernement espagnol avait brutalement stoppé en 2010 son programme de soutien aux énergies renouvelables.
Pris à la gorge par une Espagne en crise, le gouvernement socialiste de José-Luis Rodriguez Zapatero s’était aperçu qu’il ne pouvait maintenir le volume des subventions qu’il avait promis trois ans plus tôt à l’énergie verte. En 2010, Miguel Angel Sebastián, alors Ministre de l’Industrie, avait annoncé la couleur: une réduction de 45% des subventions au secteur. Un coup de grâce pour les petits investisseurs qui avaient pris des crédits pour financer les panneaux solaires.
Taxer le soleil
Puis en 2015, nouveau coup de théâtre avec l’introduction d’une taxe au soleil. Sous la pression des grands du secteur, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy avait introduit ce nouvel impôt permettant de prélever de l’argent sur l’énergie produite par des panneaux solaires. Une décision qui à l’époque avait révolté les petits investisseurs ayant acheté massivement des panneaux solaires pour leur autoconsommation d’électricité (voir l’article La taxe soleil provoque la grogne des petits investisseurs).En 2018, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez revient sur sa décision et annonce l’élimination de cet impôt.
Aujourd’hui, presque dix ans après la crise, l’Espagne remet au goût du jour l’énergie solaire.
Changement radical de politique
Alors pourquoi ce changement de cap radical ? Tout d’abord parce que le gouvernement espagnol a décidé de relancer son programme d’aide aux énergies renouvelables. Avec de grandes ambitions: d’ici 2050, l’Espagne souhaite produire une électricité à 100% propre, c’est à dire issue des énergies renouvelables.
Autres raisons du regain d’intérêt pour l’énergie solaire : l’appel d’offres lancé par le gouvernement en 2017, qui a octroyé au secteur 4109 mégawatts sur les 9000 disponibles. Selon le quotidien La Vanguardia, « au 31 décembre, 95% de ces mégawatts ont été connectés au réseau ».
Et puis José Donoso, directeur général de l’UNEF, explique à la Vanguardia que cette énergie est devenue plus compétitive : « les prix de génération d’électricité avec l’énergie photovoltaïque ont baissé de 90% ces 10 dernières années ». « Actuellement, nous sommes capables de produire moitié moins cher que le prix moyen du marché de gros espagnol ».
Des arguments de taille qui ont vite joué en faveur de cette énergie renouvelable dont l’Espagne regorge naturellement avec plus de 3000 heures de soleil par an.
Publié le 9 novembre 2020
Pour plus d’information, lire le rapport annuel de 2020 de l’UNEF
Lire aussi: La taxe soleil provoque la grogne des investisseurs publié en 2015