La jungle des labels de la finance responsable
Comment se retrouver dans la jungle des labels de la finance responsable ? Etre sûr de donner du sens à son investissement est un désir exprimé par de nombreux citoyens ces dernières années. Ce mouvement a donné le vent en poupe à une finance qui se veut être plus respectueuse de l’humain et de l’environnement. Pourtant l’afflux des sigles et des labels ne facilite pas toujours la transparence. Décryptage.
Si la crise de 2008 a servi de catalyseur à une prise de conscience généralisée sur les dangers d’une prise de risques excessive, des modèles d’économie éthique et solidaire avaient déjà commencé à se développer bien avant. Dans les années 2000, sous l’impulsion des Nations Unies, les objectifs du millénaire mettaient non seulement l’accent sur l’éradication de la pauvreté mais aussi sur l’importance d’un développement durable. Ceci marque le début des débats autour d’une économie différente soutenue par une finance plus éthique et responsable.
Depuis, les sigles pour désigner la panoplie d’instruments et de critères qui peuplent désormais la sphère de la finance responsable se sont multipliés. On les appelle les ESG, ISR, ou encore PRI. Ils visent tous à développer un système financier plus stable mais aussi à intégrer des critères sociaux et environnementaux dans les choix d’investissements.
Principes pour l’Investissement Responsable
La première initiative est lancée par les Nations Unies en 2006. On l’appelle PRI (Principles for Responsible Investment), c’est-à-dire Principes pour l’Investissement Responsable. Concrètement, cette charte incite les investisseurs à intégrer des critères environnementaux, sociétaux et de bonne gouvernance (ESG) dans leurs portefeuilles. Fin 2019, plus de 1400 signataires provenant de 50 pays ont adopté les six principes des Nations Unies destinés à favoriser l’investissement responsable et à intégrer les questions ESG dans leur processus de décision et d’analyse des investissements.
Le label de Novethic
Puis au lendemain de la crise financière, en 2009, une filiale de la Caisse Française des Dépots, Novethic commence à labelliser des Investissements Socialement Responsables (ISR). L’ISR est un label visant à identifier un investissement qui ne prend pas seulement en compte des critères financiers mais qui s’appuie également sur des critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance, c’est-à-dire sur les fameux critères ESG.
L’Investissement Socialement Responsable (ISR)
Pour remplacer le label Novethic, le Ministère des Finances crée en janvier 2016 le label ISR. « L’ISR est un placement qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises qui contribuent au développement durable dans tous les secteurs d’activité », peut-on lire sur le site des créateurs du label. Fin 2019, 86 sociétés de gestions géraient ainsi 527 fonds labellisés pour une valeur totale de 211 milliards d’euros d’encours.
L’Autorité des Marchés Financiers (AMF) distingue cinq stratégies d’investissement ISR. Certaines vont s’appuyer sur des critères d’excellence sectorielle, c’est-à-dire sélectionner les entreprises ayant les meilleures pratiques environnementales. D’autres stratégies d’investissement favoriseront des critères d’exclusion qui « consistent à exclure du champ de l’investissement des entreprises ne répondant pas à des critères socio-environnementaux minimaux ». La stratégie thématique orientera l’investissement vers des entreprises spécialisées dans des activités liées au développement durable. Les deux autres stratégies consistent à influencer les actionnaires des entreprises pour les « pousser à améliorer leurs pratiques ESG » ou « à investir dans des entreprises » « qui cherchent à générer un impact social ou environnemental mesurable », peut-on lire sur le site de l’AMF.
Le Ministère de l’Economie et des Finances s’est engagé à remettre fin novembre 2020 un rapport sur le label ISR. Afin de mettre un peu d’ordre dans la jungle de ces labels, le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) en a profité pour réclamer au Ministère une fusion pure et simple de tous ces labels pour les remplacer par un label unique. Une affaire à suivre.
Publication le 7 Décembre 2020
Photo Pixabay, libre de droits