Des orangers à Strasbourg?
Le Parc de l’Orangerie est le parc le plus ancien de la ville de Strasbourg mais aussi le préféré des Strasbourgeois sans oublier des cigognes. Que ce soit pour se balader en famille, pratiquer du sport seul ou en groupe, emmener les enfants jouer, faire une balade en canot, méditer au coin d’un arbre, se réunir pour un pique-nique, manger un sandwich sur un banc, ou faire des photos de mariage, les 26 hectares du Parc de l’Orangerie se prêtent à des multiples activités.
Le pourquoi et comment du parc
Les origines de sa création sont controversées. Certains prétendent que le parc aurait été aménagé dès le début du 18ème siècle par les autorités militaires françaises qui souhaitaient avoir un emplacement pour entraîner les chevaux.
D’autres disent que c’est le célèbre paysagiste André le Nôtre, auteur des plus beaux jardins français au 17ème siècle, dont celui de Versailles, qui est à l’origine de sa conception. Les tenants de cette version font remonter la création de ce parc à 1692.
Des dizaines d’espèces d’arbres tels que des platanes, des châtaigniers, des chênes, des gingkos, des tulipiers, des hêtres, des boulots, des érables, des tilleuls peuvent y être admirés. Tout sauf des orangers. Mais alors, pourquoi l’appelle-t-on le Parc de l’Orangerie ?
Les orangers du château de Bouxwiller
Selon le Guide Gallimard, son nom proviendrait des 138 orangers du château de Bouxwiller, propriété des princes de Hesse-Darmstadt, confisqués à la Révolution. Bouxwiller est une commune du Bas-Rhin situé à 43 km au nord-ouest de Strasbourg. Son château n’a pas survécu aux tourmentes de la révolution.
Pour abriter ces 138 orangers confisqués, deux architectes strasbourgeois Frédéric-Guillaume Renn et Pierre Valentin Boudhors, construisent en 1804 le Palais de Joséphine. L’impératrice Joséphine, femme de Napoléon Bonaparte, y aurait séjourné une nuit. C’est la raison pour laquelle le Palais porterait son nom, sans compter que le préfet de la ville aurait voulu ainsi s’attirer les faveurs de l’Empereur Napoléon.
Mais en 1968, un incendie ravage ce palais en bois et réduit en cendres les beaux orangers. Seuls trois survécurent au terrible incendie. Ils ont été conservés dans les serres du Parc. Le Palais est reconstruit à l’identique mais il sera en pierre cette fois-ci.
Les transformations du parc
Puis trente ans après la construction du Palais Joséphine, en 1830, le parc prend des allures de jardin à l’anglaise. Les compositions symétriques du jardin à la française ne sont plus à la mode et l’on préfère désormais une esthétique plus naturelle et plus sauvage.
A la fin du siècle, le parc est de nouveau remodelé sous l’influence des allemands. Pour marquer la ville de son empreinte, les allemands du Reich remanient Strasbourg avec leur grand projet d’urbanisme de la Neustadt, qui se trouve à quelques pas du parc. L’Orangerie est alors réaménagée, notamment à l’occasion de l’exposition industrielle et artisanale de 1895. C’est à cette époque qu’apparait le lac de l’Orangerie avec son actuelle cascade.
Des pavillons en bois, un magnifique restaurant et une salle des fêtes construits à l’emplacement de l’actuel bowling y verront le jour.
Ces constructions ont désormais disparu ou presque. Des photos de l’époque montrent comment le lac était bordé de magnifiques bâtisses. De ces constructions provisoires, il ne reste plus qu’une maison alsacienne en bois qui abrite désormais le restaurant étoilé Buerehiesel. Celle qu’on appelait la «Maisonnette des paysans» était à l’origine une vieille ferme alsacienne datant de 1607 qui se trouvait à Molsheim. Elle fut démontée pièce par pièce, transportée à Strasbourg pour être remontée à l’occasion de l’exposition organisée par les allemands. Rachetée en 1970 par le cuisinier Antoine Westermann, la ferme alsacienne devient un restaurant qui se forge une renommée grâce aux trois étoiles que son chef décroche en 1994. Puis en 2008, c’est au tour de son fils Eric à ajouter une nouvelle étoile à ce prestigieux palmarès.
Un autre témoin de cette exposition industrielle et artisanale se trouve aujourd’hui au coin de la route de Schirmeck et de la rue du Schnockeloch. Cette villa de style alsacien, appelée « Au nid des cigognes » (Storchennest) accueille un établissement de restauration rapide situé dans le quartier populaire de Montagne Verte.
Les cigognes de l’Orangerie
Comme le nom de cette villa l’indique, le parc est le royaume des cigognes. Certaines y ont fait leurs nids juste au dessus du Palais Joséphine ou tout simplement dans les platanes. Le parc de l’Orangerie a joué un rôle important dans la politique de réintroduction de l’oiseau emblématique de l’Alsace. Ceci n’est pas pour plaire à tout le monde et certains riverains se plaignent notamment des nuisances provoquées par l’échassier, tel que les claquements de son bec.
Abstraction faite des grincheux, les cigognes sont un élément à part entière et précieux de ce parc aux multiples facettes qui regorge d’une belle faune comme les majestueux cygnes, les petits canards, les poules d’eau ou les oiseaux qui enchantent ce parc strasbourgeois.